
Report des revalorisations : les kinés et pharmaciens appellent à la mobilisation, les médecins sur le pied de guerre
Depuis l'annonce du report au 1er janvier 2026 des revalorisations tarifaires initialement prévues le 1er juillet pour les médecins, dentistes et kinés et du coup de rabot sur les remises sur les génériques dont bénéficient les pharmaciens d'officine, vendredi 20 juin, les communiqués pleuvent. Dénonçant une rupture du pacte conventionnel, les syndicats de libéraux préparent une mobilisation.

"Trahison", "coup de poignard", "injustice"… L'annonce du report des revalorisations tarifaires initialement prévues le 1er juillet a mis les professionnels de santé libéraux en émoi, y compris ceux qui ne sont pas directement impactés. Si la mesure est légale – elle fait suite à l'avis rendu le 18 juin par le comité d'alerte de l'Ondam, plusieurs syndicats y voient une "menace" pour le pacte conventionnel. "Geler les revalorisations prévues pour les kinésithérapeutes et les médecins représente un signal politique lourd de conséquences, à la veille de l’ouverture des négociations conventionnelles et au lendemain du vote définitif de la loi infirmière", s'inquiète ainsi le Syndicat national des infirmières et infirmiers (Sniil). "Plutôt que de s’attaquer aux gisements d’économies structurels dans l’hôpital, le Gouvernement choisit de fragiliser un pilier essentiel de notre système de santé : les soins de ville", déplore le syndicat d'Idel.
Les médecins voient ainsi s'éloigner plusieurs revalorisations ciblées, qui auraient bénéficié à des spécialités cliniques sous-rémunérées telles que la psychiatrie, la gériatrie et la pédiatrie. "Cette décision, prise contrairement au texte légal sans concertation avec les syndicats représentatifs et en dehors du délai réglementaire, montre un réel mépris de la médecine libérale, qui ne pourra qu’entacher les relations futures avec l’Uncam", s'insurge la FMF. "En invoquant le déficit de la Sécurité sociale pour refuser l'application complète des accords signés, le Gouvernement fait peser un risque majeur sur ce dispositif et les patients seraient les premiers à souffrir de sa disparition", s'inquiète de son côté MG France.
Les kinés dans la rue le 1er juillet
La pilule est particulièrement dure à avaler pour les 80 000 masseurs-kinésithérapeutes libéraux, qui patientaient depuis deux ans pour voir enfin appliquer la revalorisation de leurs actes les plus courants à hauteur de 8%, négociée en juillet 2023 au prix de mesures plus contraignantes sur l'installation des futurs diplômés. "Si les contreparties disparaissent, pourquoi les contraintes resteraient-elles ?", s'interroge la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie. "Des contraintes inouïes et injustes pèsent sur les étudiants en kinésithérapie. La majorité paie leur formation, ils ont une régulation sévère avant de pouvoir se conventionner, plus qu'aucun autre professionnel, et aucun engagement prévu n'a été tenu, dénonce sur Linkedin la présidente du Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Quel mépris pour ceux qui prendront soin de nous, et ce dans l'indifférence générale, lance Pascale Mathieu. Je serai toujours au côté des étudiants pour dénoncer le mauvais traitement, unique parmi les professions de santé, qui leur est fait. Puisque la loi prévoit (sans surprise) le report des revalorisations attendues, il faut alors supprimer les contraintes si l'on veut conserver la confiance en la parole donnée (qu'à titre personnel je n'ai plus à ce stade)."
"Les kinésithérapeutes, contraints par d’importantes mesures conventionnelles d’ores et déjà appliquées, ne sont pas responsables du dépassement de l’Ondam, martèlent les présidents des trois syndicats représentatifs des kinés, dans une lettre ouverte adressée samedi au directeur général de la Cnam. Faire croire que leurs revalorisations mettraient en péril le système de santé est indécent aux vues de la chute du pouvoir d’achat que nous subissons depuis plusieurs années." Les présidents d'Alizé, de la FFMKR et du SNMKR annoncent suspendre "toute participation à la vie conventionnelle", évoquant les différentes commissions paritaires, mais aussi les négociations en cours autour de l'ACI des maisons de santé.
Les représentants syndicaux mettent en garde la Cnam : la "tendance" des kinés à facturer de plus en plus des dépassements d'honoraires "sera bientôt incontrôlable". "Le cadre conventionnel n'étant plus respecté du côté des pouvoirs publics", ils ne mèneront pas de "campagne de pédagogie" à ce sujet. Au contraire : ils revendiquent désormais "un espace de liberté tarifaire encadré". Et d'appeler la profession à manifester dans la rue, à Paris, le 1er juillet prochain.
Les kinés pourraient être rejoints par les pharmaciens, également lourdement mis à contribution. Vendredi, la Cnam leur a annoncé une forte baisse (de 40 à 20%) à compter du 1er juillet du plafond des remises génériques dont les officinaux bénéficient à compter du 1er juillet. "La baisse brutale et unilatérale du plafond de remises génériques menace la viabilité économique de nombreuses officines, en particulier dans les territoires ruraux et périurbains", alerte l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo). En outre, elle "engendrera des pénuries sans précédent, alors que la situation est déjà compliquée en termes de rupture de soins des patients", met en garde le syndicat, qui se dit prêt à mobiliser la profession, aux côtés de la Fédération nationale des pharmaciens de France (FSPF).
Appel à la mobilisation générale
Alors que l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS), qui regroupe 23 organisations syndicales représentant 12 professions, appelle à la mobilisation générale des libéraux, les médecins sont sur le pied de guerre. Contactés par Egora, les présidents de la CSMF, de la FMF et d'AvenirSpé indiquent qu'ils pourraient appeler à la mobilisation dans les prochains jours. De son côté, le SML appelle les médecins de secteur 2 à sortir de l'Optam. Quant au Dr Jérôme Marty, président de l'UFML – seul syndicat non signataire de la convention- il encourage ses confrères à appliquer les revalorisations tarifaires au 1er juillet, comme prévu. "Les syndicats ont contractualisé pour une hausse de rémunération au 1er juillet : qu'ils l'appliquent! Libre à l'Assurance maladie de rembourser ou de ne pas rembourser, nous ne sommes pas ses salariés."
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