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Traitements illégaux contre la sclérose en plaques : prison avec sursis requise contre deux médecins

Le parquet de Paris a requis, mardi 24 juin, de la prison avec sursis contre un ancien médecin et chercheur bordelais ainsi qu'un généraliste installé en Espagne. Tous deux sont soupçonnés d'avoir prescrit et distribué des traitements non autorisés à des patients atteints de maladies neurodégénératives.

25/06/2025 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
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"Derrière cet objectif louable, méritant, de mener une recherche médicale", l'ex-médecin et chercheur bordelais ainsi que ses complices ont "justifié de vicier intégralement la chaîne de soins", a tancé la procureure de la République, ce mardi, dans son réquisitoire. Le principal mis en cause, radié de l'Ordre des médecins en 2017, a proposé à plusieurs patients atteints de maladies neurodégénératives un parcours de soins fondé sur "l'endothérapie", une technique qu'il a développée mais dont l'efficacité n'a pas été scientifiquement prouvée.

Il est poursuivi pour exercice illégal de la médecine, de la pharmacie et de la biologie, pour fabrication et distribution de médicaments sans autorisation, ainsi que pour pratique commerciale trompeuse. Deux ans de prison ont également été requis par le parquet de Paris, pour complicité notamment, à l'encontre de son épouse et d'un généraliste originaire de Bayonne installé en Espagne. Tous trois risquent par ailleurs une interdiction définitive d'exercer une profession médicale ou paramédicale.

Le parquet a également demandé la fermeture définitive d'un institut fondé en 1988 par le chercheur bordelais.

Jusqu'en 2019, date à laquelle ce dernier a été interpellé, le chercheur bordelais prescrivait à des patients, souffrant par exemple d'une sclérose en plaques, un immunobilan puis leur proposait un traitement à base de poly-complexes, administrés sous forme de pilules dont il avait inventé la composition, et qui étaient conditionnées et commercialisées par une pharmacie italienne.

Il a commencé à travailler avec le généraliste originaire de Bayonne en 2016.

"Personne n'entend décrier ses qualités de chercheur", a déclaré la procureure. Ce procès n'est "pas là pour juger l'efficacité de l'endothérapie", mais le fait que l'ancien médecin et chercheur bordelais ait "choisi de ne pas se conformer au cadre légal", a-t-elle précisé. Et de requérir une obligation d'affichage et de diffusion de la décision, notamment dans des revues médicales. Une demande qui a indigné la défense.

"Condamnez le praticien, qui a agi par compassion, mais ne condamnez pas la découverte", a exhorté l'avocat du mis en cause, Me Charles Dufranc. "Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas le procès d'un scandale sanitaire", a-t-il plaidé, invoquant le fait qu'aucun patient n'a porté plainte contre l'ex-médecin. L'avocat a par ailleurs dénoncé "l'absence de recours à l'expertise dans le dossier", ce qui empêche, selon lui, d'évaluer objectivement la qualité des travaux menés par son client.

Me Jean-François Laigneau, avocat de l'Ordre des pharmaciens qui s'est constitué partie civile à l'instar de l'Ordre des médecins, a fustigé "une confusion permanente entre le soin et la recherche". "C'est un Jean-Claude Job qui a eu de la chance", a-t-il lancé, faisant ainsi référence au principal prévenu du procès de l'hormone de croissance contaminée.

La décision du tribunal correctionnel de Paris est attendue le 2 septembre.

[avec AFP]

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